
Denatura Erratum
Cartographie sensible, tracés GPS, Réalité virtuelle, Interactivités
Blender, Unity , Oculus Quest 2
conception création Carole Brandon et Gaëtan Le Coarer, 2023
Ce titre a été proposé par le correcteur automatique lorsque nous avons écrit De Rerum Natura. En effet, nous avons été au départ inspiré.e.s par De la Nature des Choses, long poème de 7400 hexamètres dactyliques, composé de six chants, écrit par Lucrèce, oublié puis redécouvert grâce à un manuscrit du poème par Poggio Bracciolini en 1418 et la première édition imprimée en 1470.
Erratum étant une faute d'impression dans un ouvrage et denatura n'existant pas, (un mix de nature et de dénaturer), il nous a semblé intéressant d'introduire la traduction machinique du titre dans les traductions machiniques successives de notre processus artistique.

23 et 28 novembre 2024
Centre d'Art Contemporain, Tétouan
12 et 13 octobre 2024
Galerie Eurêka, Chambéry

Processus
Le rouleau et les tracés
Carole a enregistré tous ses trajets gps pendant son dernier mois de mai à Chambéry. Puis, elle a restitué (de bas en haut dans l’ordre) chaque tracé sur un rouleau de papier en n’indiquant ni les dates ni les lieux ni les échelles. Il ne s’agit pas d’une logique de surveillance ou de journal de bord de sa vie à Chambéry, mais de conserver les dessins des déplacements d’un corps dans son milieu quotidien sur une durée.
Le rouleau et les traces deviennent l’espace d’entre-deux du corps de l’artiste en présence entre la mémoire de son dernier mois à Chambéry et de son « instant » de création du rouleau.
La couleur et le doré décollent l’ensemble dans l’espace de sublimation (espace de représentation) de l’expérience pour basculer la restitution en cartographie sensible.
Réécrire un chapitre 13 Les Milieux Magiques du livre Mondes animaux, monde humain, (1956) de Jacob von Uexküll par-dessus, c'est proposer la même expérience : inscrire une présence corporelle et physique (tracés d’un certain geste) dont l’écriture est autant le corps actant que le contenu explicatif qui est en train d’être expérimenté. Le chapitre recopié n’est pas une illustration, mais bien une traduction performative de ce qui est écrit, sur ce qui a été expérimenté dans la ville. La mise en visibilité de l’expérience de la Loi de Correspondance du départ. Les couleurs permettent autant de cibler des lieux d’énergies que de décoller les strates qui se superposent ici.
Pour la réalisation, Gaëtan a fait de multiples prises de vue du rouleau cartographique créé par Carole. À partir de ces prises de vues intensifiant cette errance des déplacements (car non situés, sans système d’échelle, de temporalité et de lieux), Gaëtan met en place un premier regard, qui vise à relier les différents tracés, mots, phrases et fragments d’information.
Processus
Les codifications machiniques
Pour codifier cette relation de différentes informations, de différents matériaux, de différents supports entre les éléments, un schéma des cartographies mobilisées, est créé, dans un langage systémique, machinique. Ce schéma aide à comprendre le processus créatif et l'œuvre. Il permet de révéler les passages dans les différentes stratifications des espaces explorés.
Le schéma est à lire de bas en haut puis de haut en bas, vice versa :
-Le schéma part du matériau d’origine, la cartographie en rouleau et ses captations photographiques.
-Par le regard de la machine, cette cartographie devient un ensemble de pixels et d’information à exploiter et manipuler. Les mots, les tracés et les dessins de Carole sont des éléments remarquables que l’on exporte de leur espace cartographique vers un traitement programmatique. Ces éléments réinterprétés par la machine et sortis de leur territoire premier sont maintenant vecteurs d’une déterritorialisation par construction d’un relief 3D.
-A partir des ensembles de pixel (information binaires en 2D), la machine nous permet de reconstruire une image 3D. Ce relief est ensuite influencé par une planète fictive (le point locus), dernière strate de notre schématisation.
-Cette planète permet de créer une volumétrie virtuelle de l’exploration des dessins à la fois cartographies d’un territoire, expérience personnelle et reliefs. Elle condense toutes les textures du rouleau et permet de passer d’un relief à un autre. Elle représente un point de repère qui crée un rendez-vous dans l’errance informationnelle et sensible dans l’adaptation de l'œuvre de Carole. Chaque strate est dès lors, interconnectée.
-La planète constitue à la fois l’expression d’un programme rassemblant toutes les informations à manipuler dans le schéma et l’expérience immersive adaptant l'œuvre de Carole et en même temps elle forme le passage d’un relief à un autre dans l’expérience. Elle
est à la fois la sonde et le satellite, qui dans leur fusion permet la connexion des différentes strates du schéma, de l’expérience. Entre chaque strate du schéma se créent des passages, territoires fertiles à l’errance.


